Une journée avec Marie-Florence Ehret

Dans le cadre du Prix Littéraire des Collégiens de Haute-Savoie, trois classes de Quatrième du collège du Mont des Princes (Seyssel, 74), ont reçu la visite de Marie-Florence Erhet, auteur du livre La falaise.

Chacune des classes a préparé ce rendez-vous en réalisant des productions riches et variées : création d’une bande-son, diaporama, poèmes, grande affiche représentant les avis de lecteurs... Les séances ont débuté par ce temps de présentation des travaux des élèves. Et Marie-Florence Erhet a pris le temps de regarder, de poser des questions pour comprendre le point de vue des élèves sur son livre. Ce temps de rencontre réciproque est à chaque fois unique et magique : pour les élèves qui expriment leur avis de lecteurs avec leurs regards et leurs sensibilités, pour l’auteur qui voit son livre vivre ailleurs, autrement.

Est venu le temps des questions, préparées ou spontanées, ce temps toujours trop court qu’il est si difficile d’arrêter : que nous apprécions ce temps suspendu entre ici et ailleurs que représente pour nous, le Prix Littéraire !

Les élèves se soucient beaucoup du temps d’écriture d’un livre. Marie-Florence Ehret leur explique combien cela dépend de l’auteur mais aussi de la nature de l’ouvrage : on n’écrit pas un roman comme un recueil de poésies. Et puis il y a le temps des recherches documentaires, celui de l’écriture et celui de la recherche de l’éditeur qui vous publiera. Elle nous confiera que voyage et écriture sont intimement liés pour elle : « je ne sais pas si je voyage pour écrire ou si j’écris pour voyager ». Et aussi que l’écriture est un acte du vivant. Mme Mistouflet (professeur de lettres modernes) précisera d’ailleurs que c’est une autre raison pour laquelle nous aimons le Prix Littéraire des Collégiens de Haute-Savoie : « les auteurs sont vivants ! ». Et en ces temps de la littérature jetable : trois mois sur les piles de la librairie tout au plus, Marie-Florence Ehret croit néanmoins en la durée d’une œuvre. 
Alors oui le temps de l’écriture est un long temps même si celui-ci est variable.

Et le livre La falaise ? « Je ne sais pas du tout d’où me viennent les personnages, le roman est né lors d’un atelier d’écriture à Lamballe : une promenade sur le chemin des contrebandiers, là, au bord de la falaise, une sensation de vertige et l’envie d’écrire sur la fragilité humaine est née. La chute d’Agathe. Et Océane qui évolue dans un monde où le moindre de ses désirs est satisfait, où l’autre ne compte pas, une maman qui ne parvient pas à l’aider à grandir. Nous avons évoqué la souffrance ou comment nous pouvons nous mettre en souffrance pour recevoir la protection de l’autre, alors que grandir, c’est être capable de se protéger soi-même ! « J’ai voulu qu’Océane soit confrontée au réel, aussi difficile soit-il, pour elle, face au drame qu’elle a vécu ». 
Puis nous avons voyagé vers les autres livres écrits par Marie-Florence Ehret, comme le roman historique Emilie& Oskar Schindler ou comment un industriel prend soin de ses salariés pour qu’ils soient plus rentables jusqu’au jour où il devient leur protecteur au risque de tout perdre.

Mais comment devient-on un écrivain ? Où avez-vous trouvé la motivation ? « Et bien j’aimais beaucoup la lecture ! J’adore la perception du monde par le corps mais ce corps peut aussi être une prison alors grâce au livre je peux voyager. Lire c’est partager un espace mental, on comprend là des émotions alors que dans la vie, on subit les émotions. Pour moi, dans la lecture, on ressent et on s’ouvre. Est arrivé le temps de l’écriture pour reprendre contact avec la réalité, pour être actrice par rapport au livre, pour être en vie ».

Au départ, Marie-Florence Ehret a suivi des études de lettres et de philosophie sans penser à devenir écrivain. Puis quand l’idée d’être écrivain a germé, c’était plutôt l’auteur américain, celui qui a plusieurs vies, qui a fait plusieurs métiers et qui « taille la route ». L’entrée en littérature jeunesse se fera avec A cloche-coeur, écrit pour son fils qui n’aimait pas lire, un roman dont elle nous dit qu’il est fait pour séduire le lecteur et cela a fonctionné d’ailleurs ! 
Mais l’idée de tailler la route n’est pas loin tout de même. Un voyage en Egypte, un au Burkina-faso, au Mali... Et d’autres romans : Rapt à Bamako, Fille des crocodiles ! Et quelle actualité pour ce livre ! Nous apprenons qu’il est en train de faire l’objet d’une adaptation cinématographique et même que notre auteur a pris un instant le costume d’actrice ! 
Alors l’auteur à plusieurs métiers, c’est bien vous Marie-Florence Erhet puisque vous animez aussi des ateliers d’écriture auprès de différents publics : des enfants, des femmes qui ne savent pas lire et écrire, que vous invitez à partager un souvenir d’enfance, un souvenir qui prend vie sous votre plume !

La conclusion est pour vous, nous la partageons : « les rencontres sont des vacances » ! Merci à vous pour ce partage sincère et enthousiaste.

Anne Ravel

Publié le 19/04/2020
Modifié le 19/04/2020