Fantastique André Borbé

Les élèves du Collège Rimbaud de St-Julien vous font partager leur rencontre avec André Borbé.

Tel Esther dans son roman 6000 nuits, André Borbé a une double vie : musicien pour jeune public le jour et écrivain la nuit. A l’instar de son héroïne, il adore écrire la nuit lors de moments d’insomnie, ou plus précisément au petit matin, quand le jour se lève : "c’est un moment si positif" nous fait-il remarquer. L’insomnie est au coeur de son livre car c’est un bon moyen d’imaginer un monde secret. La journée, les personnages se fondent dans la normalité mais la nuit estompe les contours et permet l’émergence d’un monde parallèle, fantastique. Il apprécie d’ailleurs ce genre : cela lui permet de ne pas être obligé de coller à la réalité. Dans les récits intemporels, le temps et le lieu ne sont pas définis. Les événements du troisième Reich ont été une source d’inspiration tout comme d’autres dictatures (il n’est malheureusement pas difficile de trouver matière à inspiration tant elles ont été nombreuses et sont encore légions) . En situant son histoire hors du temps, il ne lui est pas nécessaire de se documenter. C’est au lecteur à imaginer, à s’approprier l’histoire à son idée. D’ailleurs "quand on écrit un livre, on n’écrit que la moitié : l’autre moitié c’est le lecteur qui construit" nous précise-t-il.

Son prochain livre sera donc un roman fantastique qui pourrait être réaliste – des adolescents confrontés à un handicap –, un peu à la manière des peintres surréalistes. Prenons le tableau de Magritte "L’empire des lumières" (pour voir le tableau), rien de spécial dans cette toile si ce n’est que le jour et la nuit sont représentés ensemble ce qui est impossible. Ses histoires font, elles aussi, cohabiter deux mondes qui ne vont pas ensemble.

C’est ce qu’il apprécie aussi dans les romans de Jean-Claude Mourlevat ou d’Alessandro Baricco : cette faculté qu’a l’écrivain d’emmener le lecteur dans une vision de son monde. Le lecteur doit avoir du plaisir à lire son histoire et c’est pour cela qu’il adore les rencontres avec les collégiens car il a ainsi un retour sur son travail. Et gagner un prix, cela pousse a écrire encore plus : cela donne du souffle, de l’envie et cela montre que la cible est atteinte. "C’est un vrai cadeau" nous dit-il. C’est ce que lui souhaitent les élèves.

Par son enthousiasme, sa sympathie et sa simplicité, André Borbé s’est mis au service de ses lecteurs qui ont eu grand plaisir à le rencontrer. Morgan et Coralie ont remarqué "qu’il était content de les voir ce qui a donné à cette rencontre une ambiance joyeuse". Léa-Marie précise qu’il lui a donné envie d’aller lire des romans, ce qui n’était pas jusqu’à ce jour sa tasse de thé. D’autres ont apprécié ses explications sur l’écriture du livre, un chemin éprouvant. En effet, nous dit André Borbé, écrire c’est "avancer de trois pas puis revenir de deux" ! C’est un long processus fastidieux : ce n’est pas l’imagination qui lui manque mais la facilité d’écriture. En effet, pour écrire avec justesse et finesse, il faut que l’orthographe soit juste. Or ce n’est pas son point fort. Il doit donc relire plusieurs fois son livre et le retravailler.

Ouf ! voilà les élèves rassurés : on peut devenir écrivain sans être un champion de l’orthographe ! Il suffit de vouloir et de s’accrocher à ses envies. Exactement comme Esther. A 16 ans, on peut changer le monde, André Borbé en est persuadé.

Il ne reste plus à nos collégiens qu’à calculer dans combien de nuits ils auront cet âge !

Publié le 19/04/2020
Modifié le 19/04/2020