Rencontre avec Eric Simard à Pringy

RENCONTRE AVEC ERIC SIMARD

Éric Simard, un écrivain contemporain, a accepté de nous rendre visite pour nous parler de son métier, mais surtout du chemin qu’il a fait pour aboutir à son rêve. Il nous explique avoir eu plusieurs vies : celle consacrée au basket, l’autre à son école d’ingénieur et enfin celle concernant son métier d’écrivain. Le basket, passion que lui a transmise son père, lui a beaucoup appris sur la vie : le respect des autres, de lui-même ainsi que celui de l’arbitre et le non-mépris de l’adversaire, même perdant. Ces valeurs, il ne les a pas oubliées, elles lui ont servi à « réussir sa vie » ce qui est différent de « réussir dans la vie ». Pour l‘auteur, cette différence est très importante : « réussir sa vie » c’est réaliser ses rêves, contrairement à « réussir dans la vie » qui signifie réussir matériellement, avoir une bonne situation sociale sans forcément parvenir au bonheur. « Quand on réussit les deux, dit-il, c’est l’idéal. »

À 20 ans, il s’aperçoit qu’il n’a pas les capacités nécessaires pour devenir basketteur professionnel, il décide donc de devenir ingénieur. Cette même année son père décède, ce qui accélère la fin de ce rêve. Trois ans plus tard, il décroche son diplôme avec succès. Il se rendra vite compte que ce métier ne lui correspond pas. Grâce à son club de basket-ball, il fait une rencontre, celle de Démosthène Davvetas qui bouleversera sa vie. En effet, cet écrivain devient rapidement « son professeur d’écriture » ainsi que son meilleur ami.

Eric Simard attendra douze ans avant de publier son premier roman. C’est son manque de confiance en lui et la peur de pénétrer dans le monde si particulier de l’écriture qui retardera la publication de son livre.

L’auteur nous a confié qu’écrire c’est plus qu’une passion, c’est une nécessité. Il ne peut pas passer deux jours sans écrire. L’auteur associe l’écriture à une thérapie ; c’est une recherche authentique sur soi ou sur un moment particulier de sa vie. Il nous explique : « Voyez-vous c’est comme si j’étais dans ma voiture, j’avance dans la vie mais je cherche des fréquences de ma jeunesse sur l’autoradio. » Il écrit surtout le matin car il dit qu’une partie de lui est en éveil et qu’elle s’éteint au cours de la journée. Le matin c’est également soi, sans les autres. Il ne veut pas être influencé par son environnement. En général, il s’inspire de son enfance et de son adolescence. Adolescent, il ne parvenait pas à exprimer ses sentiments. Cela explique pourquoi ses personnages ont très souvent des blessures, par exemple, l’aveugle dans Le souffle de la pierre d’Irlande ou encore le rejet de Martin Luther King dans Je suis un homme, Martin Luther King. Ses livres sont écrits au fur et à mesure du temps, il écrit pour savoir ce qu’il va se passer. Il travaille sans plan précis. Pour lui, la musique est comme une bouteille d’oxygène qui lui permet de plonger au plus profond de son être et qui l’aide à écrire avec son âme. Il a l’habitude d’écrire plusieurs livres en même temps. Quand nous lui avons demandé pourquoi il écrivait seulement pour la jeunesse, il nous a répondu : « Je n’écris pas que pour la jeunesse, j’écris surtout pour moi et avec ma jeunesse. » Les principales difficultés qu’il rencontre pour écrire un livre sont d’ordre personnel : a-t-il toujours assez d’envie et d’énergie pour aller jusqu’au bout de l’histoire ? Il considère ses livres comme une réédition de son journal intime. Il l’a revisité. Il ne s’inspire pas forcément de sa famille pour écrire mais il sait qu’elle est toujours là pour lui s’il a besoin. Les principaux thèmes qu’il aborde dans ses livres sont le respect et la liberté. Il est influencé surtout par les poètes car il dit que la poésie est un travail rigoureux sur le langage et sur les mots. Éric Simard aime écrire de la poésie, mais c’est difficile d’éditer des recueils de poèmes de nos jours, c’est pourquoi il parsème quelques vers dans ses romans.

Il considère Martin Luther King comme « un monument de la liberté », un homme très important. En conséquence, après plusieurs demandes de son éditeur, il a accepté d’écrire : Je suis un homme, Martin Luther King. L’auteur ne voulait pas raconter la vie de ce pasteur pacifique car beaucoup d’écrivains l’avaient déjà fait. Il a préféré choisir comme personnage principal un membre du Ku Klux Klan, Mike, afin de montrer l’opposition à Martin Luther King.

Enfant, il aimait beaucoup les animaux, sa famille lui a raconté qu’il parlait à une chèvre ! Aujourd’hui sa passion est restée et il s’intéresse particulièrement aux animaux sauvages. Il fait partie d’une association pour les dauphins de la baie du mont St Michel, en Bretagne.

Eric Simard a déjà une belle carrière derrière lui : à 49 ans, il a publié une quarantaine de livres.

Le deuxième roman qu’il a écrit est Le souffle de la pierre d’Irlande, Le Feu qui est suivi de quatre autres tomes : L’Eau, L’Air, La Terre et Le Brouillard. Le Brouillard, le dernier tome de cette aventure a été publié le 24 février dernier. Il a mis quatorze ans à écrire toute cette collection et nous explique qu’en achevant celle-ci, il dit adieu aux personnages.

Pour terminer, voici deux phrases pour lesquelles Eric Simard accorde beaucoup d’importance :

« Blanc sans « n », ça fait Blac comme quoi sans « haine », on est tous les mêmes. » « Le monde peut changer car chacun peut changer. »

Audrey & Joanne, élèves de 3°C à Pringy

Publié le 02/05/2020
Modifié le 02/05/2020