Rencontre avec Loïc Le Borgne à Cruseilles

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Compte- rendu de la rencontre avec Loïc Le Borgne, auteur de Le bout du monde par le collège de Cruseilles

Le mardi 20 mars, nous avons rencontré Loïc Le Borgne l’auteur du Bout du monde, qui est un livre de science fiction qui fait partie du prix littéraire des collégiens de Haute- Savoie. Il nous a partagé sa passion pour l’écriture qu’il entretient depuis son plus jeune âge. Loïc Le Borgne a commencé à écrire dès la primaire, il a suivi des études scientifiques et est devenu journaliste pour un quotidien de l’ouest de la France. Après avoir exercé ce métier pendant 15 ans, il s’est arrêté pour se consacrer à l’écriture. Il travaille désormais à mi-temps dans une médiathèque et dispose ainsi de plus de temps pour écrire.

1. Écrire et publier un livre.

Loïc Le Borgne écrit des histoires depuis qu’il sait écrire, il se définit lui-même comme un conteur, il aime imaginer des histoires puis les transmettre aux autres. Il a écrit différentes sortes de textes : des chansons pour un chanteur breton, de la poésie ( car il aime créer des images, et jouer avec les mots), des articles de journaux puisqu’il a été journaliste pendant 15 ans , des nouvelles et des romans. Ses romans s’adressent aux adolescents ,mais de plus en plus de jeunes adultes s’y intéressent, cela a été le cas pour son roman , Je suis ta nuit.

Il s’est mis à rechercher un éditeur pour publier ses histoires à partir de 2005, cela lui a pris beaucoup de temps car il n’est pas évident d’en trouver un. Il faut envoyer ses manuscrits dans les maisons d’édition et aller au salon du livre pour se renseigner sur les nouvelles collections.

Il a déjà publié six livres dont une trilogie dans l’espace. Il écrit en parallèle une série pour enfants qui s’intitule Le club des chevaux magiques, sous le pseudonyme de Loïc Léo, il n’utilise pas son vrai nom car il ne souhaite pas que les enfants qui apprécient ses livres, lisent ses romans pour les plus grands qui ne leur sont pas destinés.

Les étapes de l’écriture d’un livre :

La première étape consiste à imaginer l’histoire : ses idées lui viennent souvent quand il est en vacances. Elles se mettent en place souvent comme les pièces d’un puzzle qui s’assemblent : un lieu ( par exemple : les montagnes de l’Himalaya), des phénomènes scientifiques qui ne sont pas encore expliqués ( comme la physique quantique), puis d’autres idées. Pour le Bout du monde, il est parti de l’ idée suivante : un vaisseau a disparu, on ne sait ni où, ni comment . Sont venues s’ajouter d’autres idées : – si des extraterrestres voulaient communiquer avec nous comment le feraient-ils ? - – La poésie est une autre façon de communiquer par le langage. – Le bateau Ivre de Rimbaud. ­ Notre regard sur d’autres civilisations.

Le travail sur les personnages  : avant de se lancer dans l’écriture, il se constitue des fiches sur chaque personnage car l’auteur doit bien connaître ses personnages, il doit en savoir plus que le lecteur. Sur ses fiches figurent : le nom, le prénom, l’âge, la description physique, les attitudes, les manies, les expressions, les caractéristiques sociales, le niveau d’étude, le passé du personnage, sa psychologie, ses qualités et ses défauts. Ils s’inspirent de différents personnages qui existent déjà. Pour le Bout du monde, il a choisi des noms d’origine aborigène qui ont une signification. Ils nous a montré ses fiches : Pour Burril par exemple, on peut voir sur sa fiche qu’il aime dire « Par tous les démons de l’avalanche » car c’est un homme bourru dont les expressions sont imprégnées par la vie rude qu’il mène dans les montagnes. Le personnage va évoluer dans l’histoire. Nash, le héros, a les yeux argentés, il croit qu’il est normal et que les autres ne le sont pas, il va faire la découverte de l’autre. Au début du roman, il est influençable et égoïste, peu à peu, il grandit et apprend à prendre des décisions par lui-même. Cette phase de réflexion sur l’histoire et sur les personnages dure à peu près six mois.

L’écriture du premier jet  : lorsqu’il commence à écrire, Loïc Le Borgne, ne connaît jamais la fin de son histoire. Cette phase d’écriture dure environ six mois en écrivant un jour sur trois en moyenne.

La relecture s’étend aussi sur six mois. Une version tapée à l’ordinateur est envoyée à la maison d’édition. L’éditeur propose des conseils pour améliorer certaines scènes, des titres de chapitres ou encore le rythme du récit. C’est très utile car l’écrivain a souvent des difficultés à juger ce qu’il crée, il a besoin d’un regard extérieur , et ses proches ont tendance à être trop gentils avec lui, à une exception près, sa fille aînée qui relit les livres de sa collection pour enfants, elle lui donne de bons conseils car elle a un autre regard. Une fois que l’histoire est vendue, l’auteur ne décide plus de rien : il n’a pas son mot à dire ni sur l’illustration , ni sur une éventuelle adaptation cinématographique. L’auteur est payé au pourcentage.

2. Au sujet du bout du monde :

Voici quelques questions que nous avons posées à l’auteur accompagnées de leur réponse :

Pourquoi avez-vous fait le choix d’une histoire qui se passe dans le futur ?

Cela laissait plus de place à l’imaginaire.

N’écrivez-vous que des livres de science-fiction ?

Le livre que j’ai le plus vendu est Je suis ta nuit, ce n’est pas de la science-fiction. Il s’agit de l’histoire d’une bande d’enfants qui tombent sur un cadavre mutilé et qui vont être traqués. Ce roman aborde le thème de l’enfance perturbé. Pour l’écrire, je suis parti de tout ce qui me faisait peur à l’âge de 11 ans, ainsi que d’un fait divers.

Pourquoi avez-vous décidé de faire mourir Tya ?

Je n’avais pas envie d’une fin classique, d’une fin à l’américaine, pas envie d’une histoire comme tout le monde. Cela me permettait aussi d’aborder le thème de la mort. La mort n’est pas abordée de la même manière dans d’autres endroits du monde. Pour Nash et Tya, ce n’est pas une fin en soi.

Quels messages avez-vous voulu faire passer aux lecteurs ?

Mon but n’est pas de faire passer un message, si tel était le cas, le genre du documentaire serait plus adéquat. Je propose juste des pistes pour réfléchir. Mon but premier est toujours de divertir.

Pourquoi vous êtes-vous inspiré du Bateau Ivre d’Arthur Rimbaud ?

Car avec la poésie , on peut exprimer des choses impossibles avec la prose. C’est un autre langage, elle nous permet de créer des images dans nos têtes. D’autre part, j’éprouve une certaine fascination pour Arthur Rimbaud, il a fait ses preuves très jeune, puis a beaucoup voyagé et a cessé d’écrire. Il a beaucoup vécu et ses textes sont rebelles et différents, sa poésie est pleine d’images.

Avez-vous déjà écrit de la poésie ?

Oui, mais c’est très difficile de trouver un éditeur ; je trouve très intéressant de travailler à partir de nos sensations. J’ai écrit des chansons. Actuellement, les éditeurs réfléchissent à des livres qui mélangent tous les genres, y compris la musique.

Nous avons remarqué que vous vous êtes inspiré de groupes nominaux extraits du Bateau Ivre pour nommer vos chapitres, comment avez-vous eu cette idée ?

Je ne suis pas parti des groupes nominaux, j’ai eu cette idée, une fois le livre terminé, ça collait bien, le sens n’est pas toujours facile à trouver, chacun peut y trouver un sens différent. L’éditeur, lors de la relecture , avait rayé tous mes titres, les jugeant incompréhensibles, il n’avait pas remarqué qu’il s’agissait d’extraits du Bateau Ivre.

Avez-vous un modèle en littérature ?

C’est en lisant qu’on apprend à écrire. J’ai pour habitude de lire deux sortes de livres en même temps : des romans pour me détendre comme ceux de Mourlevat ou de Pierre Bordage, qui est le plus grand auteur vivant de science-fiction ; et des romans plus classiques qui ne me plaisent pas forcément mais qui me permettent de progresser. En ce moment , je travaille sur Hemingway, et cela m’apprend beaucoup de choses sur le dialogue.

Pourquoi vous êtes vous inspiré de la physique quantique ?

Quand on parle de la physique quantique, on parle de l’infiniment petit. C’est une partie de l’univers que pour l’instant , on ne peut pas comprendre. Il est intéressant de proposer un explication à ce qui n’a pas encore été expliqué par la science.

Publié le 02/05/2020
Modifié le 02/05/2020